Les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau   (Norman Doidge)
 
 
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Le protocole de son expérience sur la transformation du cerveau est assez simple et reprend l’idée de Ramón y Cajal au sujet des pianistes :
 
Pascual-Leone a appris une séquence de notes à deux groupes de sujets qui n’avaient jamais étudié le piano, en leur montrant le doigté et en leur faisant écouter les notes au fur et à mesure qu’elles étaient jouées.
 
Les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau :
 
 • Les membres d’un premier groupe baptisé « groupe mental » s’asseyaient devant le clavier d’un piano électrique deux heures par jour pendant cinq jours. Ils devaient imaginer qu’ils jouaient la séquence et l’entendaient.
 
 • Un second groupe, baptisé « groupe physique » avait pour tâche de jouer effectivement la musique pendant la même durée, avec le même rythme quotidien.
 
Un relevé topographique des aires cérébrales concernées a été effectué sur les sujets des deux groupes, avant l’expérience, chaque jour pendant l’expérience, et après celle-ci.
 
Ensuite, on a demandé aux deux groupes de rejouer la séquence, puis un ordinateur a évalué la précision et l’exactitude de leur interprétation.
 
Les deux groupes se sont montrés capables de jouer correctement la séquence à la fin de l’épreuve et leurs membres présentaient tous des changements identiques au niveau des aires cérébrales.
 
Les étonnants pouvoirs de transformation du cerveau. (Norman Doidge)
cerveau et musique - Pianiste se grattant la tête
Chose remarquable,
 
l’exercice mental à lui seul produisait les mêmes transformations physiques dans le système moteur que l’exercice physique.
 
Au terme du cinquième jour, les modifications décelables dans les signaux moteurs adressés aux muscles étaient les mêmes pour les deux groupes, et les exécutants « mentaux » jouaient de façon aussi exacte et précise que leurs homologues « physiques » à la fin du troisième jour.
 
 Les progrès accomplis en cinq jours par les instrumentistes du groupe mental, aussi réels soient-ils étaient cependant moins importants que ceux qu’on pouvait constater au sein du groupe physique.
 
Mais lorsque les pianistes mentaux eurent fini leur entraînement et qu’on leur donna deux heures supplémentaires pour répéter physiquement, leur interprétation se révéla d’aussi bonne qualité que celle des pianistes physiques au cinquième jour.
 
Il ressort clairement de cette expérience que l’exercice mental constitue un moyen efficace de se préparer à effectuer une tâche physique avec un minimum de pratique.
 
 Nous effectuons tous de tels exercices mentaux lorsque nous mémorisons des réponses en vue d’un examen, lorsque nous apprenons des répliques de théâtres, ou rabâchons le texte d’une conférence. Mais comme peu d’entre nous le font systématiquement, nous avons tendance à sous-estimer l’efficacité de cette technique.
 
 De nombreux athlètes et musiciens s’en servent pour préparer leurs prestations ; et, vers la fin de sa carrière, le pianiste Glenn Gould recourait largement à la répétition mentale quand il s’apprêtait à enregistrer une des œuvres qu’il interprétait.